La Loire

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Encadrée par ces puissantes régions administratives que sont l'Auvergne, la Bourgogne et Rhône-Alpes, le département de la Loire ne semble être qu'une longue plaine séparée en deux par une mince barrière et encadrée de montagnes, Monts du Lyonnais, du Jarez et du Pilat, au levant Monts de la Madeleine, Bois Noirs et Monts du Forez au couchant.

Ce département qui possédait jadis, avec le bassin houiller stéphanois, la première région industrielle de France, n'est plus illustré que par sa préfecture, Saint-Etienne, dont le nom se rattache inévitablement, pour les amateurs de sports, à la légende du football. Tout au plus tel homme politique, tel sportif, tel chanteur, voire tel académicien ou tel compositeur célèbres rappellent-ils, au hasard d'un article, qu'ils sont originaires de ce pays que l'on nomme Loire.
Si cela était, la Loire ne serait rien. Et on serait en droit de se demander ce qu'Honoré d'urfé pouvait y trouver lorsque, dans 1'Astrée, au XVle siècle, il affirmait, bien avant la mode du tourisme, que ce pays " en sa petitesse renferme ce qui est de plus rare aux restes des Gaules". II aura fallu quatre siècles pour que "la Loire" comprenne que, loin de n'être que cette longue plaine entourée de montagnes, les hasards de la géographie et de l'histoire l'avaient placée au carrefour de toutes les grandes civilisations d'Europe de l'Ouest. Pour que " la Loire " comprenne qu'avec ses deux fleuves, l'un, la Loire, partant vers l'Atlantique, I'autre, le Rhône, se dirigeant vers la Méditerranée, avec ses larges espaces verts, ses montagnes au relief si doux, avec ses plaines où reposent les étangs, avec ses monuments que le passé lui a laissés avec ses produits qui recherchent leurs racines dans ce terroir, un large potentiel existe qui ne demande qu'à être exploité.

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Musées, sentiers pédestres, pistes de ski ou de VTT, golf et centres équestres, auberges et restaurants se sont multipliés, signes d'un département qui bouge, qui vit, d'un département dont le tourisme, comme l'industrie, se tournent résolument vers l'avenir...

 A l'heure où certains apprennent que leurs ancêtres s'appelaient les Gaulois et habitaient la Gaule, les jeunes Ligériens (du latin Liger, la Loire), annoncent que leur pays s'appelait la Ségusie et leurs ancêtres les Ségusiaves. C'est là ce qui fait toute la différence... Les Ségusiaves étaient des commerçants qui, depuis le cinquième siècle avant Jésus Christ, travaillaient avec les Romains auxquels ils vendaient notamment des poteries. Aussi, lorsque Jules César se lança dans la guerre des Gaules, les Ségusiaves n'opposèrent-ils pas une résistance très vive et acceptèrent-ils assez rapidement la romanisation de leur pays. De cette antiquité, les vestiges abondent. Ce qu'il en subsiste est peu à peu mis au jour, les petites pièces rassemblées dans des musées, les monuments dégagés, comme l'acqueduc de Chagnon.

Presqu'île de Grangent

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Mais il faut être honnête: jusqu'au Moyen Age, I'Histoire ne laisse pas de traces extraordinaires dans cette province devenue Forez, déformation, comme Feurs, de Forum Ségusiavorum. Jusqu'au Xlle siècle, le Forez, rattaché au Lyonnais, était terre d'Empire et n'était pour les comtes de Forez et de Lyonnais qu'une possession annexe. Le comte vivait à Lyon où il représentait la puissance temporelle. Mais à Lyon vivaient aussi les archevêques portant le titre de Primats des Gaules, chefs de l'Eglise de France. Des archevêques qui n'avaient qu'un seul désir: obtenir les droits comtaux sur Lyon au détriment du comte de Forez et de Lyonnais. La lutte entre ces deux personnages aura plusieurs décennies jusqu'à ce que l'empereur germanique, le fameux Frédéric 1er Barberousse tranche en 1173 en faveur des archevêques. Les comtes durent alors se réfugier en Forez, à Feurs tout d'abord puis à Montbrison, petite bourgade qu'ils érigèrent en capitale

A la frontière du royaume de France et du Saint Empire romain germanique, entouré de puissants voisins, I'Auvergne, le Bourbonnais et la Bourgogne, le Forez va vivre durant deux siècles en totale indépendance. Le jeu des mariages et des héritages va, en 1372, le faire tomber sous la domination des dues de Bourbon, simple petit pays perdu au milieu des vastes territoires de ces princes. Les luttes du connétable de Bourbon avec la couronne de France appartiennent à l' Histoire de nos manuels scolaires

En 1532, François 1er confisque les droits des Bourbons sur le Forez qui est alors rattaché à la Province de Lyon, l' histoire est cyclique Ce n'est qu'en 1793 que, par punition contre la ville de Lyon, le département de la Loire est créé, avec comme préfecture Feurs, puis Montbrison. Capitale traditionnelle de la Loire, Montbrison reste préfecture jusqu'en 1855. La houille a alors fait de Saint-Etienne, le premier centre industrial de France et fort logiquement la préfecture de la Loire, rôle qu'elle remplit encore aujourd'hui. Le département compte 750 000 habitants pour une superficie de 4 800 kilomètres carrés, et deux sous-préfectures, Roanne au nord et Montbrison au centre.